Chasser l’ennui des villages

Une première salle de lecture informatisée s’est ouverte à Nijniaïa Tavda.

La migration des ruraux vers les villes est un problème d’ampleur planétaire. Les villages se vident, les mauvaises herbes envahissent les champs, la déforestation peut entraîner dans des villes surpeuplées un manque de nourriture, des désastres écologiques, des conflits sociaux et des épidémies.

Des projets tels que « Agrocivilisation » sont destinés à ralentir, voire à inverser la tendance. « Ramener les jeunes à la campagne », telle est la devise que se sont fixés, en étroite liaison avec les autorités, l’Université agraire du Nord-Est de l’Oural et l’antenne de Tioumen de la Bibliothèque présidentielle, initiateurs du projet.

Les bonnes intentions du projet sont claires : créer à la campagne des conditions de vie agréables. Il ne suffit pas de former de futurs médecins, agronomes ou éleveurs. N’y a-t-il pas aujourd’hui déjà dans nos villes suffisamment de gestionnaires, de commerciaux, de juristes, de comptables, d’économistes et d’autres « déserteurs » qui ont en poche des diplômes de spécialistes agricoles ? On peut les comprendre : l’amour pour sa localité d’origine est une chose, mais il est bon qu’il aille de pair avec un logement bien équipé, un emploi intéressant, bien payé et avec de bonnes perspectives de carrière, des loisirs dignes de ce nom et des services médicaux de qualité.

Le poète Andreï Voznessenski a écrit : « Je veux que dans le moindre trou perdu il y ait l’eau courante et l’agitation de la pensée ». L’eau courante et les autres bienfaits de la civilisation, ce sont les autorités qui s’en chargent. Quant à l’agitation de la pensée, les bibliothécaires ont leur mot à dire là-dessus. La salle de lecture informatisée de l’école de Nijniaïa Tavda (il y a déjà deux cents salles de lecture de ce type dans le pays) transporte instantanément l’habitant de la lointaine Sibérie à… Saint-Pétersbourg où se trouvent les collections de la Bibliothèque présidentielle. Feuilleter en format 3D un vieux manuscrit, cela va bien au-delà des emplois courants d’Internet !

Le vice-gouverneur Vladimir Tcheïmétov révèle le fond de sa pensée :

- Nous sommes prêts à payer des bourses supplémentaires, à ouvrir d’autres salles du même genre dans d’autres districts. Mais qu’on ne vienne pas me dire qu’on ne peut pas faire carrière à la campagne. L’âge moyen des dirigeants de nos « agrocomplexes » est de trente-six ans. Les jeunes touchent des salaires corrects. S’ils veulent aller au concert ou visiter une exposition au chef-lieu de district, ils ont au pire quatre heures de voiture, sans risque d’encombrements ! L’agriculture d’aujourd’hui permet d’obtenir des résultats qui surpassent de plusieurs fois ceux des périodes précédentes. Aujourd’hui, à la campagne il nous faut des spécialistes qui ne connaissent pas seulement les détails de certaines opérations, mais l’ensemble des technologies de production…

- L’informatique ouvre des possibilités uniques aux écoliers de Nijniaïa Tavda, mais aussi à leurs parents, précise Oleg Chor, responsable de l’antenne de Tioumen de la Bibliothèque présidentielle, ce qui est très important pour faire connaître et aimer la vie rurale.


Auteur: Leonid Tkatchouk.

Traduit du russe par Robert Giraud.

Source: « Нескучная деревня ».

Publié dans Tioumenskaya Pravda le 17 mars 2016.

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