Adyguée

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Les gardiens de l’histoire

Depuis le début de l’année, le musée ethnographique  d’Adyguée a reçu une bonne trentaine de nouvelles pièces qui ont été vues par plus d’un millier de visiteurs, habitants de la ville ou de ses environs.

Ce musée est une institution unique en son genre s’agissant de la préservation de l’héritage historique, culturel et spirituel de la région. Et parce que c’est le seul établissement de ce type de la ville, c’est à lui qu’échoit la responsabilité insigne d’enraciner chez la jeune génération le patriotisme et l’intérêt pour l’histoire de leur République et de leur ville de même que pour la culture et les traditions des différents groupes ethniques qui la composent. Nous avons arpenté les salles du musée en compagnie de sa directrice,  Z.Gadagatel.

Au fil des pages de l’Histoire

Notre visite commence par la salle consacrée à la Grande Guerre Patriotique [1]. Lancinante, terrible, brutale, celle-ci a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire. Ici, les visiteurs peuvent apprendre comment les habitants de la région de Teuytchej ont vécu et se sont battus contre les envahisseurs.

Les objets du quotidien de ces temps difficiles, -  photos,  documents, lettres,  effets personnels - parlent des héros de la guerre, de ceux qui sont morts pour la liberté de la Patrie, de ceux qui sont revenus vivants, et des exploits héroïques des personnes qui se trouvaient à l’arrière.

« L’histoire du musée ethnographique est liée à celle de la ville d’Adiguéïsk. Les habitants de onze localités voisines y ont été relogés entre 1969 et 1973, suite à la construction du barrage et de la retenue d’eau du Kouban dans le périmètre duquel se trouvaient ces villages et khoutor [2]. Les tombes des combattants morts dans les combats pour la libération de la région de Teuytchej en 1942-1943 ont été transférées au Mémorial des Anciens Combattants de la ville», nous explique Z. Chamalevna.

Plus loin, se trouve la vitrine qui retrace la construction de la ville. Sur une photographie, on peut voir l’ouverture du Mémorial en 1986. Entre-temps, la liste des soldats dont les restes devaient être transférés à Teutchejsk avait été établie grâce au travail du groupe « Poisk » [3], et des contacts avaient été  pris avec leurs proches. Cela fait maintenant 30 ans que la flamme éternelle est entretenue dans le Mémorial, à la mémoire de ces soldats qui ne sont pas revenus du front. (…)

L’ouverture officielle du musée a eu lieu le 27 septembre 1994, à l’occasion du  25ème anniversaire de la ville. Le musée comptait alors  plus de 700 pièces. Vingt  ans plus tard, en 2014, pour les 45 ans de la ville, le musée eut droit à une nouvelle demeure : il fut installé au Centre des cultures populaires. (…)

Depuis lors, les fonds du musée se sont largement enrichis, allant de la période de l’âge de pierre à nos jours. En ce moment, ils comptent plus de 4500 pièces.

Le passé reste dans nos cœurs

L’exposition  »Les aouls qui restent dans nos cœurs »,  consacrée aux aouls [4] déplacés, dont les habitants sont devenus les fondateurs de la ville, occupe une place de choix dans le musée.

Le but de cette exposition est d’entretenir l’intérêt des habitants d’Adigueïsk pour l’histoire de leur petite patrie, de la populariser d’enrichir leur vision du monde sur cette base  et, bien entendu, de développer leur sentiment patriotique ainsi que leur formation éthique et spirituelle.

L’existence des habitants des 11 aouls déplacés de leurs terres riches et fertiles et coupés de leur mode de vie traditionnel a été radicalement bouleversée. Les pièces exposées au musée racontent leur passé, les causes et les conséquences de leur déplacement.

« Aujourd’hui, le musée abrite un grand nombre de pièces archéologiques et ethnographiques, conservées après le déplacement des aouls suite à la construction du barrage de Krasnodar. L’exposition  met en évidence les bienfaits d’une  nature qui avait profité à ses habitants, favorisé un peuplement ancien et contribué, au fil des siècles au développement d’une culture spécifique, de traditions complexes et de haut niveau »- explique la directrice du musée.

« Une partie de l’exposition est consacrée à la vie actuelle de la ville, à la renaissance de l’artisanat national, aux professeurs et sportifs émérites, qui ont fait la gloire de la ville et de la région, et témoigne de l’esprit de tolérance qui règne entre ses habitants ainsi que de leur souci de contribuer à une existence  paisible et civilisée »,

Puis nous avons évoqué  la longue guerre entre Russes et Caucasiens qui a apporté  aux Adyguéens (Tcherkesses) comme aux Russes de terribles  souffrances  et causé la mort de centaines de milliers de personnes. Pour les Adyguéens, ces guerres constituent  une tragédie nationale ; c’est donc avec un certain respect et une certaine considération qu’ils abordent  cette exposition.


[1] NdT: Dénomination soviétique puis russe de la Seconde Guerre Mondiale.

[2] NdT: Habitation ou groupe d’habitations et de fermes.

[3] NdT: Se traduit ici par « recherche », en français.

[4] NdT: Hameaux fortifiés au Caucase et en Asie centrale.

Auteur: Elena Stramtsova.

Traduit du russe par Charlène Ballu.

Source: « Хранители истории ».

Publié dans Sovietskaya Adigueya le 07 juin 2016.

Source Photo: Wikipédia.

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